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Is the Sophist a sequel to the Parmenides?  The question of the unity of the world in the two dialogues

In his 2002 seminal paper, Brisson proposes a new interpretation of Plato’s Parmenides, whereby he defends the view that the dialogue is best understood as being addressed, from beginning to end, to the question of the historical Parmenides, namely ‘Is the world one?’. One strength of Brisson’s interpretation is that it allows us to understand better the notoriously vexed question of the relation between the two parts of the dialogue: according to his interpretation, the first part stages how the theory of Forms is initially a response to the Eleatics, whereas the second part offers an example of how the Eleatics themselves address the problem. Brisson’s thesis is illuminating in many respects. Nevertheless, the question remains as to whether and how the issues raised in the Parmenides are addressed by Plato.

The central claim I shall defend in this paper is that in the Sophist, Plato takes over the Parmenidean question about the unity of the world, but this time, as opposed to what is happening in the second part of the Parmenides, he addresses it using properly Platonic tools.                        — First, I shall argue that the problem of the unity of the world is raised in a particularly acute way at the end of the Gigantomachia passage at 249d, when the Eleatic Stranger declares that being (to on), that is the totality (to pan), encompasses both together all that which is changing and all that which is changeless. For if the conclusion about being reached by Theaetetus and the Eleatic Stranger is correct, then it raises two questions about the unity of the world: (i) how being can consist of things that are not only distinct from one another, in the sense of being different and non-overlapping, but most opposed (enantiôtata) to one another, and nevertheless remain one; (ii) how being can relate to changing and changeless things in such a way that each and both kinds of things are.

— Second, I shall argue that Plato addresses these two questions in the passages where he examines and defends the communion among Being, Change and Rest. More to the point, I shall argue that he makes two important claims for the problem of the unity of the world: (i) first, that the world is not the mere sum of its parts but has a structure; (ii) second, that Being is inseparable from Change and Rest. Starting with the first point (i), I shall show that the argument for it is to be found in the claim that Being has communion with Change and Rest but that Change and Rest do not combine with one another, that is defended at length at 251e-252e. In particular, I shall pay attention to how Plato defends this claim against the view that everything combine with every thing, which, or so I shall argue, amounts to the opposite view about the world, namely that the world has no structure but is the mere sum of its parts. I shall rely here on some of the analyses put forward by Harte on her book on parts and wholes. Turning to the second point (ii), I shall defend it on the basis of a close analysis of the description of the relation among Being, Change and Rest at 250b7-10. Critics usually take this passage as making the point that Being is different from Change and Rest and that we thus have to posit three Forms (Being, Change and Rest) and not two or even one. Whereas I believe that this view is partially correct, it is insufficient in that it ignores the strikingly spacial vocabulary that the Eleatic Stranger is using here to describe the relation among the thee kinds. By contrast, I shall take seriously Plato’s claim that Being encompasses (periechein) and comprises (sullabein) Change and Rest, as meaning that although Being is different from Change and Rest, both taken separately and taken together as a group, Being is not separate or distinct from them. In other words, it means that we cannot have the one without having the others, that is, searching for Being, we cannot find it without at the same time finding either Change or Rest or both; for Being always goes together with Change and Rest.

— Finally, I shall argue that we are given a hint of the solution to the problem of the connection between the sensible realm and the intelligible realm in the passage at 249a-c where the Eleatic Stranger argues that the soul is what makes the connection between changeless and changing things. In this passage, the Eleatic Stranger declares that the soul is both a changing thing and what nous comes to be in. This passage prefigures what happens in the Timaeus where the question of the relation between the sensible and the intelligible realm receives fuller treatment.

If the argument of the present paper is on the right lines, then it contributes to the study of the Parmenides in two ways: first, it helps clarifying the relation between the Parmenides, the Sophist and the Timaeus; second, it confirms the view that the criticisms raised against the theory of Forms in the Parmenides should not be understood as refutations but rather as challenges or aporiai that Plato needs to address.

 

BRISSON, L. (2002), ‘“Is the world one?”, A New Interpretation of Plato’s Parmenides’, Oxford Studies in Ancient Philosophy (22), 1–20.

HARTE, V. (2002), Plato on Parts and Wholes. The Metaphysics of Structure, Oxford: Clarendon Press.

Le Sophiste est-il la suite du Parménide ? La question de l’unité du monde dans les deux dialogues

Dans un article de 2002, Brisson défend une nouvelle interprétation du Parménide de Platon selon laquelle le dialogue doit être compris comme étant dédié d’un bout à l’autre à la question du Parménide historique, c’est-à-dire la question de savoir si le monde est un. Une des forces de l’interprétation de Brisson est qu’elle apporte une réponse au difficile et disputé problème de la relation entre les deux parties du dialogue : d’après son interprétation, la première partie servirait donc à montrer que la théorie des Formes, dans sa conception initiale, doit être comprise comme une réponse à Parménide, tandis que la seconde partie offrirait un exemple de la manière dont Parménide et Zénon eux-mêmes traitent le problème. À bien des égards, la thèse de Brisson éclaire le Parménide d’un jour nouveau. Néanmoins, il reste à comprendre si, et le cas échéant comment, Platon résout les difficultés soulevées dans le Parménide.

La thèse centrale que je voudrais défendre dans cet article est que Platon reprend dans le Sophiste la question parménidéenne de l’unité du monde, mais pour cette fois la traiter à l’aide d’outils proprement platoniciens, contrairement à ce qu’il fait dans la second partie du Parménide.

— Dans une première partie, je chercherai donc à montrer comment le problème de l’unité du monde émerge de manière particulièrement aigüe à la fin du passage de la Gigantomachie, en 249d, lorsque l’Étranger d’Élée déclare à propos de l’être (to on), et donc du tout (to pan), qu’il comprend ensemble à la fois les choses qui sont en mouvement et les choses qui sont en repos. En effet, si la conclusion à laquelle parviennent Théétète et l’Étranger est juste, alors elle soulève deux questions: (i) d’une part, comment il est possible que l’être soit composé de deux catégories d’êtres non seulement distinctes l’une de l’autre, au sens où elles sont différentes l’une de l’autre et n’ont aucune partie en commun, mais encore absolument contraires l’une à l’autre (enantiôtata), et reste pourtant un; (ii) quelle est la relation entre l’être et les choses en mouvement et en repos de sorte qu’il soit possible de dire à propos de chacune de ces catégories d’être, prise séparément et ensemble, qu’elles sont.

— Dans une seconde partie, je défendrai la thèse selon laquelle Platon traite ces deux questions dans le passage où il examine et défend la communion des Formes entre l’Être, le Changement et le Repos. En particulier, j’argumenterai que Platon établit dans ce passage deux thèses très importantes pour le problème de l’unité du monde, à savoir : (i) d’abord, la thèse selon laquelle le monde n’est pas la simple somme de ses parties, mais qu’il a une structure ; (ii) ensuite, la thèse selon laquelle l’Être est inséparable du Changement et du Repos. Commençant par le premier point (i), il s’agira de montrer que cette thèse est défendue par Platon lorsqu’il affirme que l’Être est en communion avec le Changement et le Repos, mais qu’il n’y a en revanche pas communion entre le Changement et le Repos, thèse qu’il défend en détails en 251e-252e. Je m’intéresserai en particulier à la manière dont Platon défend cette thèse contre la thèse selon laquelle tout se mélange, cette dernière thèse qui, comme j’essaierai de le montrer, mène à la conclusion inverse en ce qui concerne le monde, à savoir qu’il n’a pas de structure mais qu’il est la simple somme de ses parties. Mon argumentation s’appuiera ici sur les analyses développées par Harte dans son livre sur le tout et la partie. Concernant le second point (ii), je tenterai de le défendre à partir d’un examen détaillé de la description de la relation entre l’Être, le Changement et le Repos telle qu’elle est produite en 250b7-10. Sur ce point, les commentateurs ont souvent interprété ce passage comme visant à établir la différence entre l’Être, le Changement et le Repos de sorte que cela mène à la conclusion qu’il y a bien là trois Formes (l’Être, le Changement et le Repos) et non deux voire même une seule. Bien que cette analyse de ce passage soit en partie correcte, elle ne permet pas de rendre compte du vocabulaire très étonnant qu’emploie d’Étranger à ce moment du dialogue, et qui est emprunt de métaphores spatiales. À l’inverse, l’interprétation que je défends prend au pied de la lettre l’idée que l’Étre entoure (periechein) et réunit (sullabein) le Changement et le Repos, comme signifiant que bien que l’Être soit différent du Changement et Repos, pris ensemble ou séparément, l’Être n’est pas séparé ou distinct d’eux. Pour le dire différemment, cela signifie qu’il n’est pas possible d’avoir l’un sans avoir les autres, c’est-à-dire que celui qui cherche l’Être ne peut le trouver sans trouver en même temps soit le Changement, soit le Repos, soit les deux, pour la raison que l’Être va toujours de paire avec le Changement et le Repos.

— Pour terminer, je montrerai que Platon, dans le Sophiste, pointe du doigt la solution au problème de la relation entre le sensible et l’intelligible dans le passage en 249a-c dans lequel l’Étranger déclare que l’âme est ce qui fait le lien entre les choses en mouvement et en repos. C’est dans ce passage en effet que l’Étranger affirme que l’âme est à la fois une chose en mouvement et ce en quoi le nous advient. Ce passage préfigure le Timée où la question de la relation entre le sensible et l’intelligible est développée plus en détails.

Si la thèse défendue dans cet article se révèle être sur la bonne voie, alors elle contribue à l’étude du Parménide de deux manières : d’abord, en cherchant à clarifier la relation entre le Parménide, le Sophiste et le Timée ; ensuite, en apportant un soutien supplémentaire à l’interprétation du Parménide selon laquelle les objections adressées à la théorie des Formes ne doivent pas être comprises comme des réfutations mais comme des obstacles ou des apories que Platon doit relever.

 

BRISSON, L. (2002), ‘“Is the world one?”, A New Interpretation of Plato’s Parmenides’, Oxford Studies in Ancient Philosophy (22), 1–20.

HARTE, V. (2002), Plato on Parts and Wholes. The Metaphysics of Structure, Oxford: Clarendon Press.

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