Loading Events
This event has passed.

Lʼêtre et le temps dans le Parménide de Platon

L’exercice de la deuxième partie du Parménide de Platon contient plusieurs arguments concernant les déterminations temporelles et le temps. L’un, selon les huit hypothèses à examiner (pour le programme de l’examen cf. 136 a et 137 b), est-il « plus vieux » ou « plus jeune » ou « du même âge » (140 e-141 a ; 151 e) ? Est-il « dans le temps » (141 a) ? « Participe-t-il du temps » (151 e) ? Ces arguments sont liés à ceux concernant l’être. L’un « participe-t-il de l’être », « est-il » du tout (141 e ; 151 e) ? C’est sur ce sujet que se terminent les développements de la première déduction (140 e-149 a) et c’est à ces questions qu’est consacrée la section finale deux fois prolongée de la deuxième déduction (151 e-157 b). Si la troisième, la quatrième, la septième et la huitième déduction ne reviennent pas d’une manière explicite sur ces questions, la cinquième et la sixième reprennent le thème de la participation à l’être (161 e ; 163 c), inauguré dès la première déduction, ainsi que celui du passage atemporel du non-être à l’être et de l’être au non-être (162 b-163 b ; 163 b-164 b), auquel aboutirent, dans la deuxième déduction, les arguments portant sur les aspects temporels de l’un (155 e-157 b).  Qu’apprend-on de tous ces arguments sur l’être et le temps ? Et quelle lumière jettent-ils sur l’ensemble de l’ « exercice » (135 c) que le vieux Parménide propose, en guise d’un « jeu laborieux » (137 b), au jeune Socrate ?

Chose surprenante pour le lecteur du Timée (37 c-38 b), le Parménide assume que l’être comporte des caractères temporels du passé, du présent et du futur de sorte que ne peut participer de l’être que ce qui participe de l’un de ses trois aspects temporels (141 e). C’est pourquoi les arguments concernant les attributs temporels tels que « plus jeune », « plus vieux » et « du même âge » sont intimement liés à ceux qui portent sur l’être. En effet, le rapport entre l’être et le temps que présuppose le Parménide platonicien rappelle plutôt la théorie du Sein und Zeit de Heidegger que celle du Timée de Platon : c’est à partir du temps avec ses trois « ek-stases » que l’on explique ce que cela veut dire « être ». N’ « est » que ce qui est temporel. L’un de la première déduction qui ne comporte pas de caractéristiques temporelles n’est pas dans le temps (141 a-d) et ne participe donc pas de l’être (141 d-e). En revanche, l’un de la deuxième déduction, du fait qu’il participe de l’être, participe aussi du temps (151 e-152 a). Il peut donc être dit plus jeune, plus vieux ou du même âge soit par rapport à lui-même soit par rapport à autre chose, mais on peut également nier de lui les trois caractéristiques sous les deux points de vue (152 a-153 e). Si cet argument est élaboré d’abord pour « être et devenir » plus jeune, plus vieux ou du même âge (ibid.), il se montre dans un second temps que le « devenir » temporel est à distinguer de l’ « être » temporel (154 a-155e). En plus, étant donné que l’un de la seconde déduction admet tour à tour des attributs contradictoires, on conclut dans un troisième temps (155 e) que le changement d’une telle détermination à l’autre a lieu dans un instant qui ne se situe dans aucun temps et que, partant, l’un qui change ainsi ne se situe dans aucun temps non plus (155 e-157 b). Parménide présente donc une analyse de la temporalité de « l’un qui est » à trois niveaux, en procédant de son être temporel à son devenir temporel et aux conditions de son mutabilité. L’argumentation qui commence par poser l’un comme participant du temps (151 e) aboutit à le situer en dehors du temps (156 e) en y ajoutant ainsi encore une caractéristique contradictoire.

La comparaison avec le passage du Timée qui définit le temps par opposition à l’éternité (37 d) en s’appuyant sur la distinction entre l’être toujours identique qui ne comporte pas de caractéristiques temporelles et le devenir qui constitue des mouvements aux paramètres temporels (38 a-b) fait ressortir la différence entre les présupposés du Locrien et ceux de l’Éleate. Ce dernier ne fait pas de distinction entre l’être et le devenir, telle que l’astronome du Timée la conçoit depuis le début de son exposé (27 d), mais il travaille avec un concept de l’être aux aspects temporels en distinguant entre les processus temporels et leurs résultats et en excluant ce qui ne comporte pas de tels aspects du domaine de l’être. En revanche, la théorie des Formes que le jeune Socrate oppose aux arguments de Zénon au début du Parménide (128 e-130 a) implique la même conception de l’être que celle avec laquelle travaille Timée. Si le Parménide platonicien lui-même souligne la nécessité de la théorie des Formes pour la dialectique, c’est révélateur de la nature de l’exercice qu’il recommande à Socrate de pratiquer avant que celui-ci ne se prenne à définir les Formes (135 b-c).

Sein und Zeit in Platons Parmenides

Die Übung des zweiten Teils von Platons Parmenides beinhaltet mehrere auf die zeitlichen Bestimmungen und die Zeit bezogene Argumente. Ist das Eine, entsprechend den acht durchzuführenden Deduktionen (zum Programm der Übung siehe 136a und 137b), „älter“ oder „jünger“ oder „gleichen Alters“ (140e-141a; 151e)? Ist es „in der Zeit“ (141a)? „Nimmt es an der Zeit teil“ (151e)? Diese Argumente hängen mit denen zusammen, die das Sein betreffen. „Nimmt das Eine am Sein teil“, „ist es“ überhaupt (141e; 151e)? Diesen Fragen sind die abschließenden Ausführungen der ersten Deduktion gewidmet (140e-149a), und dieselben Themen werden in dem letzten, zweimal verlängerten Abschnitt der zweiten Deduktion behandelt (151e-157b). Nehmen die dritte, vierte, siebte und achte Deduktion diese Fragen nicht ausdrücklich wieder auf, gehen die fünfte und die sechste Deduktion auf das in der ersten Deduktion eingeführte Thema der Teilhabe am Sein (161e; 163c) sowie an  das Thema des zeitlosen Umschlags vom Sein zum Nicht-Sein und umgekehrt (162b-163b; 163b-164b) wieder ein, in das die Überlegungen zu den zeitlichen Charakteristika des Einen innerhalb der zweiten Deduktion einmündeten (155e-157b). Was lernt man aus all diesen Argumenten? Und welches Licht werfen sie auf die ganze „Übung“ (135c), die der alte Parmenides dem jungen Sokrates als ein „mühsames Spiel“ (137b) empfiehlt?

Zur Überraschung für den Leser von Platons Timaios (37c-38b) geht Platons Parmenides davon aus, dass das Sein durch zeitliche Merkmale der Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft gekennzeichnet ist, sodass nur das am Sein teilhaben kann, was an einer der drei zeitlichen Bestimmungen teilhat (141e). Dies ist der Grund, warum die Argumente, die zeitlichen Attribute „jünger“, „älter“ und „gleichen Alters“ behandeln, aufs Engste mit denen zusammenhängen, die das Sein betreffen. In der Tat erinnert das Verhältnis von Sein und Zeit, das Platons Parmenides voraussetzt, vielmehr an die Auffassung Heideggers im Sein und Zeit als an die Theorie des Timaios: Das explanans des Seins ist die Zeit mit ihren drei „Ek-stasen“. „Ist“ nur, was zeitlich ist. Das Eine der ersten Deduktion, das keine zeitlichen Bestimmungen zulässt, ist nicht in der Zeit (141a-d) und nimmt nicht am Sein teil (141d-e). Das Eine der zweiten Deduktion hingegen hat an der Zeit teil, weil es am Sein teilhat (151e-152a). Es kann von ihm daher gesagt werden, dass es jünger, älter oder des gleichen Alters ist in Bezug auf sich selbst oder in Bezug auf Anderes; es können von ihm aber auch alle drei Bestimmungen in beiden Hinsichten verneint werden (152a-153e). Ist dieses Argument zunächst für „Sein und Werden“ herausgearbeitet (ebd.), so zeigt sich in einem zweiten Anlauf, dass das zeitliche Sein vom zeitlichen Werden zu unterscheiden ist (154a-155e). Da es sich ergibt, dass das Eine der zweiten Deduktion abwechselnd kontradiktorische Bestimmungen zulässt, wird in einem dritten Anlauf (155e) darüber hinaus gefolgert, dass das Umschlagen zwischen solchen Bestimmungen nicht in der Zeit stattfindet, und dass folglich auch das Eine, welches derart umschlägt, nicht in der Zeit ist (155e-157b). Parmenides bietet also in der zweiten Deduktion eine dreistufige Analyse der Zeitlichkeit des „seienden Einen“, indem er von seinem zeitlichen Sein zuerst zu seinem zeitlichen Werden und dann zu den Bedingungen seiner Wandelbarkeit übergeht. Die Beweisführung, die damit beginnt, dass das Eine als an der Zeit teilhabend gesetzt wird (151e), endet damit, dass es aus der Zeit herausgenommen wird (165e). Dadurch wird dem Einen der zweiten Deduktion eine weitere kontradiktorische Bestimmung zugeschrieben.

Der Vergleich mit dem Timaios ist lehrreich. Dort wird die Zeit in Gegenüberstellung zur Ewigkeit definiert (37d), wobei zwischen dem immer identischen Sein, dem keine zeitlichen Attribute zukommen, und dem Werden, das in zeitbehafteten Bewegungen besteht, unterschieden wird (38a-b). Solche Unterscheidung zwischen Sein und Werden, wie sie Timaios gleich zu Anfang seiner Darlegung vornimmt (27d), macht Platons Parmenides nicht. Stattdessen arbeitet er mit einem Seinsbegriff, zu dem zeitliche Bestimmungen gehören. Der Unterschied zwischen Werden und Sein ist für ihn ein Unterschied zwischen zeitlichem Prozess und seinem zeitlichen Resultat, während das, was keine zeitlichen Merkmale aufweist, aus dem Bereich des Seins ausgeschlossen wird. Aber impliziert die Theorie der Ideen, mit der der junge Sokrates am Anfang des Dialogs den Argumenten des Zenon standhält (128e-130a), nicht dieselbe Auffassung von Sein, mit der Timaios arbeitet? Wenn Platons Parmenides bekräftigt, dass Sokrates’ Theorie der Ideen für die Möglichkeit der Dialektik unabdingbar ist, weist er dadurch die Übung, die er Sokrates als Propädeutik zur Philosophie empfiehlt, nicht aus dem eigentlichen Bereich der letzteren aus?

Share This Story, Choose Your Platform!

Go to Top