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Zenonian workout. The aim and uses of dialectic in Plato’s Parmenides, 135d-136e and Aristotle’s Topics, I.1-2

One of the most controversial issues of Plato’s Parmenides is the relationship between its first and its second half. Despite the amount of scholarly attention received by the logical structure of the series of deductions,[1]1 the more general methodological framework of Parmenides’ exercise has been considerably less well explored. In this paper, I shall address myself to this problem by focusing on the explicit aim and uses of Parmenides’ exercise and by comparing it with Aristotle’s description of the aim and uses of dialectic in the Topics. In short, I shall suggest that, in the Parmenides, Plato displays not merely a dialectical exercise, but more specifically a method of philosophical inquiry. I shall divide my paper into three parts.

I shall start by providing a thorough reading of lines 135d-136e of Plato’s dialogue, which introduce Parmenides’ exercise (γυμνασία). This section will bring to the fore three important points: (a) the dialectical exercise that Parmenides introduces is explicitly aimed at discovering truth; (b) it will consist in a dilemmatic examination of any given hypothesis taken into consideration; (c) it should be applied not only to theses propounded by one’s interlocutor but also to one’s own. By stressing in particular point (a), my reading will emphasise the importance of Plato’s philosophical characterisation of Parmenides’ exercise, which might seem useless (ἀχρήστου, 135d4) or even idle talk (ἀδολεσχίας, 135d5), but is the necessary condition for recognising truth. This is particularly clear from 135d6, where Parmenides states that, for whatever thesis (cf. ὅτι ἂν προέλῃ, 136c1-2), an exhaustive discussion of its implications secures one’s capability to discern what is true (διόψεσθαι τὸ ἀληθές).

The second step of my paper will clarify that the method outlined in Parmenides’ dialogue with Socrates should be identified with the method used by the character Zeno of Elea in the first part of the work. Parmenides explicitly presents his own exercise as based on a twofold modification of Zeno’s. First, while Zeno restricted his method to the domain of visible things, Parmenides extends it to include objects of thought. Second, while Zeno took into consideration only one hypothesis, Parmenides will develop arguments pro as well as arguments contra the thesis at stake. I shall claim that these two modifications are not methodological changes but a broader application of one and the same method. Specifically, Plato’s description of Zeno’s dialectic in the Parmenides shows that (i) it is a formal strategy, in the sense that it does not depend on a specific domain, but, on the contrary, it can be applied to any object; (ii) it always proceeds via negativa, i.e. by way of arguments against a given thesis, whether for destructive or for constructive purposes. On this basis, I shall conclude this part by defining the Zenonian method as ‘negative (or apophatic) dialectic’.

The third and last part of my paper will compare this methodological section of Plato’s Parmenides with Aristotle’s definition of the aim and uses of dialectic. I shall emphasise three respects in which the first two chapters of Aristotle’s Topics (book I) present striking similarities with Parmenides 135d-136e. First, in Topics I.1, Aristotle introduces dialectic as a method to defend and question one’s own thesis as well as one’s interlocutor’s (as in (c) above). Second, when, in Topics I.2, he reflects on the uses of dialectic, on the one hand he mentions training (γυμνασία), on the other he draws particular attention to its philosophical use. Finally, it is precisely in this passage (101a34-36) that Aristotle (as in (a) and (b) above) states that, if we are able to argue pro and contra a given thesis, we will more easily discern what is true and what is false (ῥᾷον… κατοψόμεθα τἀληθές τε καὶ το ψεῦδος)—thus echoing Parmenides, 136b6-c5. This comparison will enable me to reflect on the similarities (as well as on the divergencies) between the dialectic outlined in the Parmenides and Aristotle’s description of the dialectical method in his Topics.

Overall, my paper will offer a new account of Parmenides’ exercise in the second half of Plato’s eponymous dialogue by shedding light on the explicit aim and uses of its hypothetical method. I shall show the following three points: (1) the dialectical method worked out at 135d-136e is presented as specifically aimed at discovering truth; (2) Plato ascribes it to Zeno of Elea and depicts it as an exercise of ‘negative dialectic’; (3) the hallmarks of Aristotle’s dialectic draw heavily upon Plato’s description of Zenonian dialectic in the Parmenides. These conclusions will enable me to rethink the philosophical contribution of the second half of the Parmenides to the economy of the dialogue.

 

Entraînement zénonien. But et usages de la dialectique dans le Parménide de Platon (135d-136e) et les Topiques d’Aristote (I.1-2)

L’une des questions les plus controversées du Parménide de Platon est la relation entre la première et la deuxième moitié du dialogue. Malgré la grande attention accordée par la littérature secondaire à la structure logique de la série de déductions[2], le cadre méthodologique plus général de l’exercice de Parménide a été nettement moins étudié. Dans mon intervention, je prendrai en considération ce problème en me concentrant sur le but et les usages explicites de l’exercice de Parménide et en comparant celui-ci avec la description aristotélicienne du but et des usages de la dialectique dans les Topiques. En somme, mon objectif sera de montrer que, dans le Parménide, Platon ne présente pas seulement un exercice dialectique, mais plus précisément une méthode d’enquête philosophique. Mon intervention comprendra trois parties.

Je commencerai par une lecture détaillée des lignes 135d-136e du dialogue platonicien, qui introduisent l’exercice (γυμνασία) de Parménide. Cette partie mettra en avant les trois points suivants : (a) l’exercice dialectique introduit par Parménide vise explicitement à découvrir la vérité ; (b) il consiste en un examen dilemmatique de n’importe quelle hypothèse de départ ; (c) il devrait être appliqué non seulement aux thèses proposées par l’interlocuteur mais aussi à nos propres thèses. En se concentrant en particulier sur le point (a), mon analyse mettra l’accent sur l’importance du caractère philosophique que donne Platon à l’exercice de Parménide, exercice qui pourrait sembler inutile (ἀχρήστου, 135d4), voire creux (ἀδολεσχίας, 135d5), mais qui est la condition nécessaire à la reconnaissance de la vérité. Ce point apparaît très clairement à la ligne 135d6, où Parménide affirme que, quelle que soit la thèse (cf. ὅτι ἂν προέλῃ, 136c1-2), la discussion exhaustive de ses implications permet de discerner le vrai (διόψεσθαι τὸ ἀληθές).

La deuxième partie montrera que la méthode décrite dans le dialogue de Parménide et Socrate devrait être identifiée avec la méthode utilisée par le personnage de Zénon d’Élée dans la première moitié de l’œuvre. Parménide présente explicitement son exercice comme étant basé sur une double modification de celui de Zénon. D’une part, alors que Zénon circonscrivait sa méthode au seul domaine du visible, Parménide y inclut aussi les objets de la pensée. D’autre part, alors que Zénon ne prenait en considération qu’une seule hypothèse, Parménide développe aussi bien des arguments pro que des arguments contra la thèse en jeu. Je soutiendrai que ces deux modifications ne sont pas des changements méthodologiques mais plutôt un élargissement de l’application d’une même méthode. Plus précisément, la description platonicienne de la dialectique de Zénon dans le Parménide montre (i) qu’il s’agit d’une stratégie formelle au sens où elle ne dépend pas d’un domaine particulier, mais qu’elle peut être appliquée à n’importe quel objet ; (ii) qu’elle procède toujours via negativa, c’est-à-dire à travers des arguments contre une thèse donnée, qu’il s’agisse de la défendre ou de la réfuter. À partir de ces réflexions, je conclurai cette partie en définissant la méthode zénonienne comme « dialectique négative (ou apophatique) ».

La troisième et dernière partie de mon intervention établira une comparaison entre cette section méthodologique du Parménide de Platon et la définition aristotélicienne du but et des usages de la dialectique. Je montrerai que les deux premiers chapitres du premier livre des Topiques d’Aristote présentent de fortes similarités avec les lignes 135d-136e du Parménide à trois niveaux. En premier lieu, dans Topiques I.1, Aristote introduit la dialectique comme une méthode pour défendre et remettre en cause aussi bien notre propre thèse que celle de l’interlocuteur (comme au point (c) ci-dessus). En deuxième lieu, lorsque, dans Topiques I.2, il réfléchit aux usages de la dialectique, d’un côté il mentionne l’entraînement (γυμνασία), de l’autre il accorde une attention particulière à son usage philosophique. Enfin, c’est précisément dans ce passage (101a34-36) qu’Aristote affirme (comme aux points (a) et (b) ci-dessus) que, si nous sommes capables d’argumenter pro et contra une thèse donnée, nous discernerons plus facilement le vrai du faux (ῥᾷον… κατοψόμεθα τἀληθές τε καὶ το ψεῦδος) – faisant ainsi écho aux lignes 136b6-c5 du Parménide. Cette comparaison me permettra de réfléchir aux similarités (aussi bien qu’aux differences) entre la dialectique telle qu’elle apparaît dans le Parménide et la méthode dialectique décrite par Aristote dans ses Topiques.

Ainsi, mon intervention proposera-t-elle un nouveau regard sur l’exercice de Parménide dans la seconde moitié du dialogue éponyme de Platon, en mettant en lumière le but et les usages explicites de sa méthode hypothétique. Je démontrerai les trois points suivants : (1) la méthode dialectique élaborée aux lignes 135d-136e est présentée comme visant explicitement à découvrir la vérité ; (2) Platon l’attribue à Zénon d’Élée et la conçoit comme un exercice de « dialectique négative » ; (3) les caractéristiques fondamentales de la dialectique d’Aristote sont étroitement liées à la description platonicienne de la dialectique de Zénon dans le Parménide. Ces conclusions me permettront de repenser la contribution philosophique de la deuxième moitié du Parménide à l’économie du dialogue.

[1] See in particular R. E. Allen, Plato’s Parmenides, Yale University Press, New Haven: 1997; G. E. L. Owen, ‘Notes on Ryle’s Plato’, in G. Fine, Plato I: Metaphysics and Epistemology, Oxford University Press, Oxford: 1999, 298–319.

[2] Voir en particulier R. E. Allen, Plato’s Parmenides, Yale University Press, New Haven : 1997 ; G. E. L. Owen, ‘Notes on Ryle’s Plato’, in G. Fine, Plato I: Metaphysics and Epistemology, Oxford University Press, Oxford : 1999, 298–319.

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